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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/208

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Ailleurs, M. Taine se plaignant qu’on n’ait pas donné toute la correspondance de Napoléon Ier, le prince répond : « En principe, j’établis qu’héritiers de Napoléon, nous devions nous inspirer de ses désirs avant tout, et le faire paraître devant la postérité comme il aurait voulu s’y montrer lui-même. » C’est pourquoi l’on a exclu de la Correspondance « les lettres ayant un caractère purement privé ». Mais c’est justement de cela que M. Taine se plaint. Mérimée, nous raconte le prince, s’en plaignait aussi. Il est vrai que Mérimée était « un sceptique et un cynique ».

Dans les dernières pages de son livre, le prince excuse le meurtre du duc d’Enghien par la raison d’État, justifie la guerre d’Espagne, affirme que l’empereur n’a été que le propagateur désintéressé des idées de la Révolution, qu’il n’a jamais été ambitieux ni égoïste, et insinue que ce qu’il avait peut-être de plus remarquable, c’était la bonté de son cœur.

Vraiment, c’est là de l’histoire écrite pour les images d’Épinal. Et le prince, à force de défendre son oncle, le diminue. À le faire si raisonnable, il risque de lui enlever cette merveilleuse puissance d’imagination qui l’égale, dans son ordre, aux plus grands artistes, à Dante et à Michel-Ange. Napoléon est beaucoup plus grand dans le livre de son « détracteur » que dans celui de son apologiste. Et, malgré tout, en dépit de la fragilité de quelques-uns