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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/243

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démie lui ayant pardonné, renouveler cette impertinente déclaration. On a beau dire, cela est unique. Je ne sais pas si c’est détachement chrétien, ou comble d’orgueil, ou esprit de contradiction, ou crainte de déplaire à des amis envers qui l’on se croit engagé. Je ne prétends même pas que tant de protestations soient d’un goût très distingué. J’irai même plus loin : je crois qu’un pauvre diable médiocre et correct, ou génial et malchanceux, mais académisable à la rigueur, aurait, en dépit des apparences, plus de mérite que M. Alphonse Daudet à conspuer l’Académie ; car elle pourrait lui apporter quelque chose à lui, et, la repoussant, il repousserait de réels avantages. Mais M. Alphonse Daudet, renonçant au fauteuil qu’on lui tenait tout prêt, ne renonce à rien, puisqu’il a déjà tout, « la gloire et la fortune », comme dans la chanson. Il lui est trop commode de mépriser ce que tous les autres désirent. Ce qu’il en fait, c’est pour nous ennuyer. C’est malice pure, plaisir d’insulter au plus innocent de nos préjugés et à la plus durable de nos institutions nationales. Cela est mal ; cela n’est point charitable.

Mais, je le répète, c’est unique : à tel point que beaucoup refusent obstinément de croire à la sincérité de M. Daudet, ou prétendent qu’il a des regrets, tout au fond. Moi, la nouveauté de cette conduite m’intéresserait plutôt, et me rangerait du parti de l’impie. Mais voilà ! je crains qu’il ne soit trop profondément