Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/248

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dans les minutes où nous les voyons. Mais alors comme ils vivent ! Cela n’a qu’un inconvénient : nous avons parfois quelque peine à accorder parfaitement entre elles ces apparitions trop espacées. Je croyais, l’autre jour, voir des trous dans le développement du caractère d’Astier-Réhu et de Mme Astier. Je n’avais pas fini et j’oubliais la duchesse. Vous vous rappelez comment ce jeune « struglifeur » de Paul Astier se fait épouser par cette Corse altière et passionnée. Aux chapitres XII et XIII, elle est encore très belle, et l’on nous apprend que ses bras et sa gorge se tiennent fort bien. Elle est, du reste, éperdument amoureuse. Et maintenant tournez quelques feuillets, et voyez au dernier chapitre le récit du mariage :

« Et Védrine disait son saisissement en voyant paraître, dans cette salle de mairie, la duchesse Padovani, pâle comme une morte, navrée, désenchantée, sous une toison de cheveux gris, ses pauvres beaux cheveux qu’elle ne prenait plus la peine de teindre. À côté d’elle, Paul Astier, Monsieur le comte, souriant et froid, toujours joli… On se regarde, personne ne trouve un mot, excepté l’employé, qui, après avoir dévisagé les deux vieilles dames, éprouve le besoin de dire en s’inclinant, la mine gracieuse :

— Nous n’attendons plus que la mariée…

— Elle est là, la mariée, répond la duchesse s’avançant la tête haute.