Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/280

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Dieu juste ! s’il n’y avait plus au monde que des romanciers naturalistes ! Déjà même le naturalisme paraît « dater », est presque aussi vieux que le romantisme : tout va si vite aujourd’hui ! Et parmi les naturalistes il n’y a guère que M. Zola qui m’attire encore ; mais ce qui est vivant en lui, ce n’est pas son naturalisme, c’est lui-même.


II.

Ce que je vois de plus clair dans la déclaration de principes un peu trouble de Zola-Sandoz, c’est qu’il aspire à mettre dans ses romans plus de vérité qu’on n’avait fait avant lui. Or, à chaque livre nouveau du puissant romancier, je doute davantage qu’il y ait réussi. N’est-ce pas M. Zola lui-même qui, bien inspiré ce jour-là, a dit que l’art était « la réalité vue à travers un tempérament » ? Eh bien, son œuvre est assurément de celles où la réalité se trouve le plus profondément transformée par le tempérament de l’artiste. Son observation est souvent vision ; son réalisme, poésie sensuelle et sombre. Notez que ce sont là des constatations et non point des reproches. Si M. Zola ne fait pas toujours ce qu’il croit faire, je m’en réjouis, car ce qu’il fait est magnifique et surprenant. Voyez comment, dans son dernier roman, un drame tout moral et tout intime se tourne