Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/296

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mée en elle. Ses mains tâtonnantes étreignaient le vide, sa tête trop lourde pliait sur sa nuque délicate. S’il avait tendu les bras, elle y serait tombée, ignorant tout, cédant à la poussée de ses veines, n’ayant que le besoin de se fondre en lui ». Ou bien (243) : « Un flot de sang montait, l’étourdissait… elle se retrouvait avec son orgueil et sa passion, toute à l’inconnu violent de son origine ». Ou bien (page 261) : « Elle triomphait, dans une flambée de tous les feux héréditaires que l’on croyait morts. » Eh oui, c’est un ange, mais un ange de beaucoup de tempérament ! Quel drôle de conte bleu !

Ce n’est pas tout. Hubert et Hubertine, vous vous le rappelez, se lamentent de n’avoir pas d’enfant, et, toutes les vingt ou trente pages, l’auteur nous fait entendre délicatement que ça n’est vraiment pas leur faute… « C’était le mois où ils avaient perdu leur enfant ; et chaque année, à cette date, ramenait chez eux les mêmes désirs… lui tremblant à ses pieds… elle se donnant toute… Et ce redoublement d’amour sortait du silence de leur chambre, se dégageait de leur personne » (page 143). Ou bien (page 167) : « Et Hubertine était très belle encore, vêtue d’un simple peignoir, avec ses cheveux noués à la hâte ; et elle semblait très lasse, heureuse et désespérée… » Étrange idée d’avoir entr’ouvert cette alcôve de quadragénaires au fond de cette idylle enfantine !

Et, pendant ce temps-là, monseigneur l’évêque de Beaumont, qui a quelque soixante ans, tourmenté