Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la tendresse de M. Zola pour cet inutile provincialisme.

Vous pensez bien que je ne reproche point à M. Zola ses procédés de composition et d’écriture. Ce sont les mêmes qui contribuent à la beauté de ses meilleurs ouvrages. Mais d’abord ils s’étalent davantage d’un roman à l’autre ; et, plus visibles, deviennent plus fatigants. Et surtout ils convenaient aussi mal que possible à un sujet comme celui du Rêve. Toute la grâce de la naïve historiette disparaît. On n’a jamais vu fantaisie massive à ce point. C’est un conte bleu bâti en gros moellons. Il est vrai qu’il redevient intéressant par l’énormité de cette disconvenance du fond et de la forme. Sans cela, il serait mortellement ennuyeux.

La conclusion, c’est que j’aime mieux tout, même la Terre. Au moins la Terre, c’était franc et c’était harmonieux… Il faut que M. Zola en prenne son parti : il ne peut pas être à la fois Zola et autre chose que Zola… Il lui restera toujours d’avoir écrit la Conquête de Plassans, l’Assommoir et Germinal, d’avoir puissamment exprimé les instincts, les misères, les ordures et la vie extérieure de la basse humanité. Qu’il nous abandonne les petits contes, les doux enfantillages, les petites bergères, les petites saintes, les princes charmants, les jolis riens du rêve… Qu’il n’y touche pas avec ses gros doigts. Une petite fille de dix ans eût beaucoup mieux raconté que lui (qui a pourtant du génie) l’histoire d’Angélique. Nous ex-