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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/323

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inondations, tremblements de terre, catastrophes de toute espèce, lui sont matière à calembours et à coq-à-l’âne. M. Grosclaude, par exemple, écrira avec sérénité :

« Deux de nos assassins les plus en évidence, MM. Rossel et Demangeot, viennent de nous donner une de ces déceptions que le public parisien ne pardonne pas volontiers… Une intervention gouvernementale de la dernière heure a provoqué l’ajournement illimité de leur exécution, qui n’était pas moins impatiemment attendue que celle de Lohengrin. La justice des hommes se promettait par avance une de ces satisfactions d’amour-propre qu’au dire des comptes rendus elle éprouve chaque fois qu’il lui est donné de présider à une cérémonie de cet ordre, et le tout-Paris des dernières, friand de tout bruit de coulisse, — et notamment de celui que fait le sinistre couperet en glissant dans sa rainure, — retenait déjà ses places, etc… »

Ne croyez pas, je vous en supplie, que ces lignes soient l’indice d’un mauvais cœur. Elles ne sont que la mise en œuvre momentanée, l’application à un cas particulier, de cette idée qui revient souvent chez M. Renan et d’autres sages, que « le monde n’est peut-être pas quelque chose de bien sérieux ». C’est comme une convention allégeante et salutaire que l’écrivain nous demande d’admettre un instant. « Il n’y a rien… absolument rien… La douleur même est un pur néant quand elle est passée… L’univers n’existe que pour nous permettre de le railler par des assemblages singuliers de mots et d’images… » Voilà ce que nous admettons