Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/351

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— Elle ne m’aime pas !

Et il sent si vivement la misère et la vanité de ce monde qu’il s’écrie au milieu de ses larmes :

— Puisque c’est comme ça, je me ferai trappiste !

… Après la messe, M. l’abbé Fulcran est rentré au presbytère : « Où donc est Ferdinand ? » Il pense que l’enfant l’a devancé chez M. Pigassou. Mais non : personne ne l’a vu.

On se met à sa recherche, et Méniquette finit par le découvrir, blotti sous la remise, derrière une charrette, sanglotant et grelottant.

Elle l’attire par sa blouse, l’interroge, l’apaise, l’embrasse sur les deux joues.

… M. l’abbé Fulcran, toujours aussi clairvoyant, morigène son neveu en ces termes :

— Vous avez obéi, mon enfant, à un sentiment peu digne d’un chrétien. Si votre voix, novice encore et mal affermie, trompa votre pieuse ardeur, il fallait accepter cette mésaventure comme une épreuve envoyée par la divine Providence, et n’en pas concevoir un dépit où je crains qu’il n’y ait, hélas ! beaucoup d’orgueil et de vaine gloire. Vous réciterez avant de vous endormir un acte d’humilité, pour que Dieu vous pardonne.

Ce coquin de Ferdinand récitera tout ce qu’on voudra. Il est assis auprès de Méniquette, qui lui sert un gros morceau de saucisse. Il est heureux…