Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/55

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BARBEY D’AUREVILLY

Vous vous rappelez les propos mélancoliques de Fantasio sur un monsieur qui passe : «…. Je suis sûr que cet homme-là a dans la tête un millier d’idées qui me sont absolument étrangères ; son essence lui est particulière. Hélas ! tout ce que les hommes se disent entre eux se ressemble : les idées qu’ils échangent sont presque toujours les mêmes dans toutes leurs conversations ; mais dans l’intérieur de toutes ces machines isolées quels replis, quels compartiments secrets ! C’est tout un monde que chacun porte en lui, un monde ignoré qui naît et qui meurt en silence. Quelles solitudes que ces corps humains ! »

Nous avons tous éprouvé cela. L’humanité est comme une mêlée de masques. Pourtant — et vous en avez fait sûrement l’expérience, — parmi ces enveloppes mortelles, il y en a chez qui nous sentons ou croyons sentir une âme, une personne — peut-