beaucoup de braves gens de chez moi ont dû de ne pas mourir sans « être allés au théâtre ».
J’ai pour voisin un vieil instituteur en retraite qui partage là-dessus tous mes regrets. En sortant de cette distribution des prix dont la sécheresse m’avait navré, je suis allé le trouver dans son petit jardin. Nous avons causé longtemps sous sa tonnelle et, de fil en aiguille, il en est venu à me confier ses sentiments secrets touchant les dernières réformes de l’enseignement primaire. Je vous les rapporterai dans ma prochaine lettre, et je suis sûr, ô ma sérieuse et rurale cousine, qu’ils vous intéresseront.
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G…, 30 août.
Je vous disais, ma cousine, qu’en sortant de la distribution des prix de l’école des garçons j’étais entré chez mon voisin, l’ancien instituteur. C’est un fort brave homme, très estimé dans la commune, où il a fait la classe pendant trente-cinq années, en sorte qu’il tutoie les trois quarts des habitants. J’ai causé assez longtemps avec lui ; je lui ai demandé son avis sur les dernières réformes de l’enseignement primaire, et il m’a ouvert son cœur. Sans doute, il est un peu défiant des nouveautés, comme beaucoup de vieillards ; mais, enfin, il me parlait de choses qu’il connaît bien, et il en parlait avec une assurance qui m’a impressionné.