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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/135

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les vers cités par M. Deschanel à propos de ceux de Lamartine, il n’en est peut-être pas un seul auquel Lamartine ait songé ; mais, comme dit l’autre, « ça fait toujours plaisir ». Je me souviens d’une anecdote que contait Ernest Bersot. Il avait passé tout un après-midi à causer littérature avec Saint-Marc-Girardin et Nisard ; et l’on avait fait des citations, et chacun y était allé de son latin et même de son grec : « C’est égal, dit Saint-Marc-Girardin en prenant congé de ses compagnons, nous sommes là trois pédants qui nous sommes joliment amusés ! »

Donc, encore une fois, M. Deschanel a parfaitement raison de se souvenir qu’il fut professeur de rhétorique. Je lui ferai néanmoins quelques légers reproches. Il distingue très justement, dans les Méditations, trois groupes de pièces : les pièces entièrement neuves, telles que l’Isolement, le Lac, le Vallon, le Soir, l’Automne ; les odes à l’ancienne mode, telles que l’Enthousiasme et le Génie ; et enfin les « morceaux en vers alexandrins sur des sujets philosophiques », tels que l’Homme, la Prière et l’Immortalité. Oserai-je dire qu’il me paraît un peu sévère pour les deux derniers groupes ? Même dans les Odes je trouve, outre cette fluidité de diction qui est propre à Lamartine, une largeur de mouvement et comme une ampleur de geste qui ne se rencontraient guère dans J.-B. Rousseau, Pompignan et Lebrun. Et quant aux pièces philosophiques, il n’y a pas à dire, c’est tout autre chose que les « discours » de Voltaire.