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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/185

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n’est-il pas responsable des conséquences funestes de sa docilité excessive ?… »

Bref, ni M. Deschanel, ni le pasteur Vinet, ni les autres, ne peuvent digérer l’évêque. Moi, je trouve que l’évêque a entièrement raison dans ce qu’il exige de Jocelyn, sinon peut-être dans tous les arguments qu’il emploie pour l’obtenir. Les discours du saint vieillard sont irréprochablement justes, beaux et humains, si l’on en considère l’esprit : on n’en peut contester, çà et là, que la lettre, et encore ! J’ai peur que M. Deschanel et même l’austère Vinet n’aient été dupes, ici, d’une fâcheuse et un peu banale sensiblerie romanesque. Le « doux » Lamartine a su, lui, énergiquement s’en défendre. Et comme il a bien fait ! Car enfin supposez que Jocelyn résiste aux objurgations de son évêque et que, dans le temps même où la persécution ensanglante l’Église à laquelle il avait promis de se dévouer, ce séminariste aille retrouver sa bonne amie. Il l’épouse ; ils sont heureux. Notre défroqué est un mari d’autant plus ardent que son tempérament a été plus longtemps comprimé. Ils s’adorent. Et puis ?… Et puis, au bout de quelques années, ils s’aiment plus paisiblement. Ils ont des enfants. Ils ont de petits plaisirs, de petits intérêts, de petites préoccupations, — quelquefois de petites querelles de ménage. Ils ressemblent à tout le monde. (Rien même ne nous garantit que Laurence ne fera pas Jocelyn cocu, mais écartons cette hypothèse.) Puis ils vieillissent,