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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/348

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masses, il épie le réveil, la transformation morale qui se prépare peut-être dans leurs ténèbres. Il est merveilleusement évangélique d’intention. — Et cependant pas de style moins évangélique et moins « populaire » que le sien. Sa forme a quelque chose de fastueux et d’orgueilleux ; elle manque de simplicité et de bonhomie à un degré invraisemblable. M. de Vogüé est de ceux qui ont le mieux gardé, sur un fond rajeuni, le geste de la prose du temps de Louis-Philippe. Il abonde en métaphores savantes. Il a des paraboles, mais de mandarin. Évidemment, il n’y aura jamais de communication entre la foule et lui. Aucun ignorant ne le comprendrait. Lui-même s’en rend parfaitement compte. Il s’en est remis un jour, du salut de l’humanité, à quelque capucin qui tout à coup surgira… Bref, il est comme exilé dans son grand style.

C’est du sentiment de tous ces exils qu’est faite sa tristesse. Il a au front le pli soucieux de Vauvenargues et de Vigny, auxquels il fait songer ; et c’est le Chateaubriand de la troisième République.