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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/70

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leurs, les personnes de foi absolue n’ont pas toutes la même. Grâce à cela, nous sommes, nous, tranquilles. Pour le surplus, je m’accommoderais assez de la république de Veuillot.

Sa Constitution est humaine. Si elle peut gêner sur quelques points les riches et les lettrés, elle multiplie les supports, matériels et moraux, autour des humbles. Que dis-je ? j’eusse accepté sa Constitution entière, pourvu qu’il fût chargé lui-même d’en appliquer, en ce qui me concerne, les règles restrictives. Veuillot était bon, Sainte-Beuve lui rend cette justice. Veuillot a parlé du peuple, en maints endroits, avec la plus profonde tendresse, et de la dignité des pauvres avec la grâce de saint François d’Assise. Tout l’essentiel des écrits évangéliques de MM. de Vogüé et Paul Desjardins sur le summum bonum qui est le renoncement, vous le découvrirez en feuilletant les Libres Penseurs, Çà et là et le Parfum de Rome. Il avait l’âme grande. Il faut lire, dans Çà et là (II, 217-267), le chapitre De la noblesse. Ses idées sur ce qui fait la vraie « noblesse » de la vie sont d’une ravissante pureté et d’une fierté tout héroïque. Il a l’âme ardemment française. Les pages que lui inspira la guerre de Crimée sont de la plus haute et de la plus chaude éloquence. C’est peut-être le seul moment de sa vie politique où il ait eu la joie de ne point se sentir isolé et suspect et de pouvoir communier avec toute la France. Il a la haine atavique et instinctive, mais aussi raisonnée et chrétienne, de