Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/78

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Vous entrevoyez ses naturelles origines littéraires. Veuillot est un classique, d’« écriture » à la fois traditionnelle et audacieuse.

Du XVIIIe siècle, il exècre, et comme chrétien et, par suite, comme littérateur, à peu près tout, — sauf les romans de Mme Riccoboni. Tout ce qu’il peut accorder à Voltaire, c’est que « sa prose est jolie ».

Sur Chateaubriand : « Il a tenu et mérité une grande place, mais ce n’est pas mon homme. Ce n’est ni le chrétien, ni le gentilhomme, ni l’écrivain tels que je les aime ; c’est presque l’homme de lettres tel que je le hais », etc.

Sur les écrivains du XIXe siècle, il est partagé presque douloureusement. Il n’en est presque pas un sur qui son jugement ne soit double, selon les ouvrages, et aussi selon qu’il les juge davantage avec sa conscience ou avec son goût. Je n’apporterai en exemple que ce qu’il dit de Sand et de Hugo. — Il a, sur la philosophie de George Sand, sur ses femmes émancipées et sur ses catins penseuses, des railleries impayables et impitoyables :

… Il paraît à la comtesse, dès le second entretien, que cette

infinie vague, dont le sentiment la tourmente, prend des épaules et qu’elle sait à quoi s’en tenir… Guillaume est taillé en valet de ferme ; et, je le jure, la comtesse Isidora l’estimerait mince penseur s’il était fluet.


Mais, là même, il a des indulgences :

… C’est toujours George ; et, l’histoire commencée, je