Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

X

Telle fut, chez le bon soldat de Pierre, la secrète morsure de passion pour « Pétronille » qu’il glissa au plaisir et qu’il trouva le temps d’être lui-même, on le sait, poète et romancier.

Ses vers (les Satires et les Couleuvres) sont intéressants, souvent très beaux. Mais, quand ils le sont, c’est généralement à la façon de très belle prose. C’était le caprice d’un esprit curieusement « traditionaliste » que de ressusciter ainsi la vieille satire en vers, après que le lyrisme romantique avait ruiné les « petits genres » et que le journalisme les avait rendus inutiles. Veuillot procède des versificateurs du XVIIe et du XVIIIe siècle, avec, seulement, une rime plus nourrie, un vocabulaire plus riche, un peu plus d’images et, comme il était naturel, l’accent d’aujourd’hui. Toutefois vous trouverez, du moins dans la première partie des Satires, un rien de pédantisme classique, trop de métaphores héritées des satires littéraires de Boileau, trop de « sifflets » et le pli trop fréquent de renvoyer les mauvais auteurs sur les quais ou chez l’épicier. En revanche, — et cela surtout dans les Couleuvres et dans les poésies du premier volume de Çà et là, — de beaux coups d’aile, un peu brefs ; quelques sonnets merveilleux de relief et d’énergie incisive ; une abondance de vers-pro-