Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/139

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Ses reconstructions de systèmes, religieux, philosophiques, politiques, sociologiques, sont merveilleuses d’ampleur, d’harmonie, de précision, de juste emboîtement de toutes leurs parties. Du cerveau de Faguet, Calvin, Buffon, Montesquieu, Joseph de Maistre, Proudhon, Auguste Comte sortent plus lumineux, plus liés, plus consistants, plus complets, plus forts.

Sa probité intellectuelle est des plus irréprochables qu’on ait vues. C’est elle qui lui a conseillé de s’en tenir presque toujours à des monographies d’esprits. Il lui eût été facile de produire, lui aussi, des systèmes ; d’expliquer, par exemple, tout le développement d’une littérature par deux ou trois idées directrices, et de l’enfermer de gré ou de force (et si c’est de force, c’est plus beau) dans le cadre ingénieusement contraignant d’une histoire philosophique. Mais il y voit trop d’arbitraire et trop d’hypothèse. C’est un divertissement qu’il ne s’est plus permis depuis Drame ancien, Drame moderne, oeuvre de jeunesse. Les aperçus systématiques sur une époque, il les relègue honnêtement dans ses préfaces.

Il s’en dédommage en construisant dans l’avenir. (Avez-vous lu cette étonnante étude : Ce que sera le vingtième siècle ? ) Et, en effet, ce n’est que le futur qu’on peut « systématiser » sans violenter le vrai.

Cette probité paraît dans son style si exact, si concis, si étroitement appliqué sur les idées, d’une