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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/237

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politique — quelque chose de rare et d’original ; j’ajoute de méritoire : car les idées extrêmes, plus frappantes, plus faciles à développer, ont bien meilleur air aux yeux des ignorants et sont généralement d’un profit plus immédiat pour ceux qui les professent. Il peut donc y avoir du courage et du désintéressement dans cette ironique modération orléanaise. Et, au surplus, si je vous recommande cette sobre vertu là où elle diminue les chances d’erreur et de malfaisance, il est des sentiments où je ne vous conseille plus du tout d’être modérés : c’est l’amour du bien et c’est l’amour du pays.

Nous avons, nous autres, cet avantage qu’il nous est presque impossible de distinguer notre petite patrie de la grande… Certes nous aimons et nous honorons les autres provinces. L’Île-de-France peut dire : « J’ai Paris » ; la Lorraine : « Je suis la frontière » ; la Flandre : « J’ai lutté pour la liberté des communes et j’ai vu quelques-unes des plus belles batailles de la Révolution » ; l’Auvergne : « J’ai Vercingétorix » ; la Normandie : « J’ai conquis l’Angleterre, qui, par malheur, a bien rendu ce mauvais procédé à la France » ; la Bretagne : « Je suis celtique, et les Celtes sont les aînés des Francs » ; la Provence : « Je suis romaine, et Rome fut l’éducatrice des Gaules » ; et ainsi de suite. — Mais l’Orléanais, c’est la France la plus ancienne, vera et mera Gallia ; son histoire ne fait qu’une avec celle de la royauté, et le sort de votre ville a été, à maintes reprises, celui de