âme seule est exaltée, mais son imagination ne plane jamais qu’en dessous de sa raison. » — « Cet illustre prisonnier (le prince Louis) est, dit-on, très bon par le cœur ; il s’amuse à faire du bien pour se désennuyer des tristes barreaux qui sont élevés entre la vie et lui… » — « Hier mardi, M. Michelet est venu me voir. Je voudrais te donner non l’émotion trop vive, mais la consolation qui reste d’une telle entrevue. Il m’a donné son premier volume de la Révolution française », etc., etc… Mon Dieu ! comme dit le Blandinet de Labiche, que les hommes sont bons !… Si l’on vous livrait la correspondance intime de quelque femme de lettres d’aujourd’hui (et je la suppose indulgente) adonnée à la fréquentation des grands hommes, pensez-vous que nos contemporains célèbres y fissent tous aussi bonne figure et aussi immaculée ? Honorons nos pères, — ou Marceline qui sut les voir ainsi.
Et comme elle sait admirer ! — Elle assiste, chez Mme Récamier, à une lecture solennelle des Mémoires de Chateaubriand. « Je n’ai rien ressenti depuis longtemps qui m’arrachât si doucement à mes peines. J’ai rappris en une heure la puissance du génie. M. de Chateaubriand s’écoutait avec une rigueur intègre. Son lecteur était clair et sec, mais le style ! mais ces ailes d’aigle qui battaient dans l’air ! » — « Je suis très contente d’avoir ici ton volume sur l’Allemagne. Chaque ligne de Mme de Staël est une lumière qui pénètre mon ignorance d’admiration et