Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/49

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toujours d’attendrissement. Quel génie ! Mais quelle âme ! Quel bonheur de croire à notre immortalité pour la voir aussi, comme je l’ai rêvé une fois ! » (Avons-nous, jamais, nous autres coeurs secs que nous sommes, vu Mme de Staël dans nos songes, et avons-nous tressailli de joie à l’idée de retrouver cette dame au Paradis ?…) Suit cette réflexion : « Plus je lis, plus je pénètre sous les voiles qui me cachaient nos grandes gloires, moins j’ose écrire ; je suis frappée de crainte, comme un ver luisant mis au soleil. » — À propos du retour des cendres : « Les vers de Hugo sont dans le Siècle, 14 décembre. Barthélemy marche après, bien après ! C’est bien, c’est beau ; mais l’autre a écrit avec du sang d’empereur, et d’empereur du monde lâchement assassiné. C’est bouleversant… Son ode est grande comme le rocher, et puis adorable de tendresse. Il nous venge de toute l’Angleterre ; Napoléon doit en avoir tressailli. » — « Je profite de ces moments pour relire Victor Hugo et brûler toutes mes feuilles à ce soleil. J’en demeure courbée, je te l’avoue… J’ai dix fois posé ce livre sur mon front près d’éclater. Ne te semble-t-il pas, mon ange, que la raison vacille plus devant ces prodiges humains que devant les merveilles incompréhensibles de l’Auteur éternel ?… Je t’avoue que j’ai quelquefois peur de toucher à de certaines pages de Victor Hugo. » Cette femme manquait délicieusement de mesure et d’esprit critique. Elle dit d’Auber qui lui avait envoyé sa carte :