Elle continue : « Ne te marie pas avant notre retour. Je tiens à être consultée sur la toilette de la mariée, — peut-être sur la mariée elle-même. Quant à l’Alice de la rue Miromesnil, cela me paraît fruit vert destiné à devenir fade. Je crois qu’il n’y a pas grande intelligence dans ce front-là. Il est vrai que je la connais peu… »
Il y a, dans cette lettre, un joli ton d’ironie, sentiment inconnu de la bonne Marceline. Ondine, évidemment, n’avait rien d’une harpe ni d’une guitare. J’imagine que la sentimentalité un peu larmoyante et les crédulités romanesques et les enthousiasmes à grands bras ou les désespoirs à cheveux tombants de sa sainte mère devaient paraître à la fois adorables — et excessifs — à cette élève de Sainte-Beuve. Elle l’aimait, elle la vénérait, mais se sentait incapable de « vibrer » toujours avec elle. Je m’explique par là que Mme Valmore ait cru qu’Ondine se retirait d’elle, alors que cette fine personne se tenait simplement un peu à l’écart de tout ce lyrisme. De loin, ne se souvenant plus que du grand cœur de sa mère, Ondine osait se livrer davantage, ainsi que nous l’avons vu.
Moins froide qu’Ondine, nous dit M. Rivière, mais plus fantasque, Inès avait de longs silences, suivis d’une agitation fébrile, inquiétante, que la mère attribuait à une croissance difficile. La maladie se déclara, étrange comme sa nature, faisant naître chez elle une jalousie folle contre sa sœur, lui enle-