Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/30

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appliqué à vos devoirs, et je sais en quelles mains loyales et pures je viens de remettre mon autorité. Et pourtant je ne puis me défendre d’une inquiétude. La situation est difficile. Le peuple, oubliant que, quelles que soient ses misères, le moyen le moins inefficace d’y remédier est encore de s’en remettre docilement aux chefs que Dieu lui a donnés,--et qui ne sauraient le trahir, puisque l’intérêt du roi est le même que celui de ses sujets et que le roi ne forme avec eux qu’une seule et même âme,--le peuple se mutine et réclame à grands cris ce qu’il appelle les réformes. Il me fallait choisir entre une résistance hasardeuse et des concessions que j’estime plus dangereuses encore. Résister, je n’en ai plus la force. Céder, je ne m’en suis pas cru le droit. A vous, mon fils, de faire selon que Dieu vous inspirera. Je vous supplie seulement de vous défier d’une certaine sentimentalité qui est en vous, et aussi d’une prétendue philosophie que vous avez puisée dans les livres du siècle. Vous n’êtes plus assez persuadé que vous êtes roi par la volonté de Dieu et que Dieu est avec vous. Ce qui perd aujourd’hui les souverains, c’est, d’abord, qu’ils ne croient plus assez fermement à leur droit royal, et c’est aussi qu’