Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/34

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métier de roi des devoirs si terribles qu’on n’aurait jamais le courage de les accomplir si l’on ne se sentait éclairé et soutenu par une pensée et une volonté divines.

— Le sentiment de la justice, le respect de la personne humaine et la charité du genre humain me seront des lumières suffisantes. Et, voyant clair, je saurai agir.

— Que voulez-vous donc faire ?

— Préparer un état social où soit diminuée la souffrance des individus et, pour cela, diminuer d’abord l’inégalité des droits.

— Croyez-vous donc que l’on supprime la souffrance par des lois et des institutions ? On ne la diminue même pas, puisque l’homme, à mesure que sa condition matérielle s’améliore, découvre de nouvelles façons de souffrir. Le véritable objet de la royauté, c’est le maintien d’une hiérarchie voulue de Dieu, par laquelle l’ordre subsiste, ce premier bien des peuples, et où chacun à sa place, obéissant et se dévouant, travaille, par là-même, à son salut éternel. La douleur des créatures est peut-être dans le dessein de la Providence.

— Voilà donc un dessein que vous me dispenserez d’adorer… Je songe à ce qu’est la vie de tel ouvrier mineur qui, peinant sous terre douze