Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/43

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librement, en pleine mêlée humaine, pour y connaître la société à tous ses étages, sous tous les aspects, par tous ses côtés pittoresques et dans ses recoins moraux, pour coudoyer même l’extrême misère et la considérer de tout près.

Il avait aimé Paris. L’esprit de la ville de joie, l’ironie et l’irrespect qu’on respire dans son air, Hermann en avait été surpris et charmé, sans trop remarquer ce que cette ironie a d’un peu mince et ce qu’elle recouvre quelquefois de niaiserie et de snobisme. Surtout il avait conçu une véritable estime pour ce scepticisme léger et dépourvu de pédanterie, aboutissant à un détachement qui, bien que superficiel, se rencontrait souvent avec la sagesse la plus profonde et à une douceur qui, bien qu’inactive, équivalait, dans plus d’un cas, à la charité même.

Mais, en même temps, la crainte de ne pas penser librement, de conserver à son insu quelque chose du préjugé aristocratique et royal, de se croire encore, dans le tréfond de sa conscience, pétri d’une autre argile que le commun des hommes et de surprendre, dans ses jugements, dans ses démarches, dans ses gestes, les effets de cette persuasion involontaire et