Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/55

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L’enfant fit signe que non. Jouer le fatiguait. Son jeu favori était de rester des heures entières dans son petit fauteuil, immobile, comme en représentation. Et, quant aux belles histoires, il avait le cœur encore trop gros pour en vouloir entendre. Il ne pleurait plus, mais, secoué d’un reste de sanglots, il jeta ses bras autour du cou d’Hermann.

Alors Wilhelmine, suivant toujours sa pensée :

— Puisque, vous l’aimez, Hermann, pensez à lui et gardez-lui son héritage.

L’importune avertisseuse, qui ne le laissait pas être père, simplement ! Il répliqua :

— Mais cet héritage n’est pas compromis, que je sache. Et tenez…

Du dehors, une grande rumeur joyeuse montait, où se détachait par moments ce cri : « Vive le prince Hermann ! »

— Vous entendez ? C’est le peuple qui vient de lire ma proclamation.

— Vous leur promettez tout : cela est facile. Mais que leur donnerez-vous demain ?

Sans répondre, Hermann ouvrit la fenêtre. La rumeur, plus claire et plus haute, entra dans le palais. Elle grossit encore lorsque Hermann se fut avancé sur le balcon. Devenu soudainement très pâle, comme si cette houle humaine