Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Songez donc ! Si j’allais me tromper !… Il faut m’aimer plus que jamais, Frida.

— Plus que jamais ? Comment ferais-je ? Je suis à vous tout entière, car je vous dois tout… Vous rappelez-vous notre première rencontre, à Paris, chez la comtesse de Winden, qui m’avait recueillie, un peu malgré moi, avec ma pauvre maman ?… Vous étiez venu visiter la galerie du comte. Je suis entrée étourdiment, croyant qu’il n’y avait personne dans la galerie, et j’ai été bien effarouchée en vous voyant. Vous avez dit : « Quelle est donc cette petite ? »

— Vous êtes sûre, Frida, que je me suis exprimé avec cette irrévérence ?

— Oui, oui, j’ai bien entendu. Vous avez dit : « Quelle est donc cette petite ? » J’ai été tout de suite rassurée : vous aviez l’air si bon ! Le comte a répondu : « C’est une de nos compatriotes. » Alors vous m’avez interrogée, et je vous ai raconté ma vie… C’était long, quoique je ne fusse pas très vieille encore, et c’était un peu bizarre. Vous disiez de temps en temps : « Pauvre petite ! » Vous m’avez consolée, vous m’avez ramenée chez mon grand-oncle, puis installée près de vous… près de vous, où je suis si bien ! si bien !

— Et vous, Frida, vous rappelez-vous le soir