Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/82

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Une vraie, une naïve angoisse faisait trembler sa voix. Hermann se serra davantage contre elle. Elle le laissa faire ; elle murmurait :

— Mais non ! Je sens que, si je vous aime, c’est parce que, bien qu’étant prince (elle eut sur ce mot une inflexion d’une malice innocente), vous êtes le meilleur, le plus généreux, le plus doux des hommes et qu’il me semble qu’en vous adorant j’ai l’approbation de tous les malheureux.

— Ah ! petite amie, soupira Hermann, si je pouvais être avec toi, te voir et t’entendre toujours, toujours !…

Mais quelques-unes des ombres qui erraient sur la terrasse passèrent non loin d’eux. Hermann s’aperçut que leur tête-à-tête avait déjà trop duré.

— Écoute, dit-il rapidement, tu es censée m’avoir demandé un congé pour te rendre auprès de ton grand-oncle… Je serai terriblement occupé tous ces temps-ci ; mais, enfin, je saurai bien, sous prétexte de promenade ou de chasse, t’aller retrouver quelquefois dans notre ermitage d’Orsova… Tu recevras chaque fois l’avertissement dont nous sommes convenus. Tu partiras dans quelques jours. Est-ce dit ?