Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 3.djvu/453

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server un petit reste de vie corruptible ; et ainsi j’attirerais une tache honteuse sur moi, et l’exécration des hommes sur ma vieillesse.

26. Car, encore que je me délivrasse présentement des supplices des hommes, je ne pourrais néanmoins fuir la main du Tout-Puissant, ni pendant ma vie, ni après ma mort.

27. C’est pourquoi mourant courageusement, je paraîtrai digne de la vieillesse où je suis ;

28. Et je laisserai aux jeunes gens un exemple de fermeté, en souffrant avec constance et avec joie une mort honorable pour le culte sacré de nos lois très-saintes. Aussitôt qu’il eut achevé ces paroles, on le traîna au supplice.

29. Et ceux qui le conduisaient ayant paru auparavant plus doux envers lui, passèrent tout d’un coup dans une grande colère, à cause de ces paroles qu’il avait dites, qu’ils attribuaient à orgueil.

30. Lorsqu’il était près de mourir des coups dont on l’accablait, il jeta un grand soupir, et il dit : Seigneur, qui avez une science toute sainte, vous connaissez tout clairement qu’ayant pu me délivrer de la mort, je souffre dans mon corps de très-sensibles douleurs ; mais que dans l’âme je sens de la joie de les souffrir pour votre crainte.

31. Il mourut ainsi, en laissant non seulement aux jeunes hommes, mais aussi à toute sa nation, un grand exemple de vertu et de fermeté dans le souvenir de sa mort.



Martyre des sept frères Machabées et de leur mère.


1. Or il arriva que l’on prit aussi sept frères avec leur mère, et le roi voulut les contraindre à manger, contre la défense de la loi, de la chair de pourceau. en les faisant déchirer avec des fouets et des escourgées de cuir de taureau.

2. Mais l’un d’eux, qui était l’aîné, lui dit : Que demandez-vous, et que voulez-vous apprendre de nous ? Nous sommes prêts à mourir, plutôt que de violer les lois de Dieu et de notre pays.

3. Le roi, entrant en colère, commanda qu’on fît chauffer sur le feu des poêles et des chaudières d’airain ; et lorsqu’elles furent toutes brûlantes,

4. Il ordonna qu’on coupât la langue à celui qui avait parlé le premier ; qu’on lui arrachât la peau de la tête, et qu’on lui coupât les extrémités des mains et des pieds, à la vue de ses frères et de sa mère.

5. Après qu’il l’eut fait ainsi mutiler par tout le corps, il commanda qu’on l’approchât du feu, et qu’on le fît rôtir dans une poêle pendant qu’il respirait encore ; et pendant le temps qu’il était tourmenté, ses autres frères s’encourageaient l’un l’autre avec leur mère à mourir constamment,

6. En disant : Le Seigneur Dieu considérera la vérité, il sera consolé en nous, selon que Moïse le déclare dans son cantique par ces paroles : Et il sera consolé dans ses serviteurs.

7. Le premier étant mort de cette sorte, ils menaient le second pour le faire souffrir avec insulte ; et lui ayant arraché la peau de la tête avec les cheveux, ils lui demandaient s’il voulait manger des viandes qu’on lui présentait, plutôt que d’être tourmenté dans tous les membres de son corps.

8. Mais il répondit en la langue du pays : Je n’en ferai rien. C’est pourquoi il souffrit aussi les mêmes tourments que le premier ;

9. Et étant près de rendre l’esprit, il dit au roi : Vous nous faites perdre, ô très-méchant prince, la vie présente ; mais le roi du monde nous ressuscitera un jour pour la vie éternelle, après que