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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Mes parents, mes amis, l’avenir, ma jeunesse,
Mes écrits imparfaits ; car, à ses propres yeux,
L’homme sait se cacher d’un voile spécieux.
À quelque noir destin qu’elle soit asservie,
D’une étreinte invincible il embrasse la vie,
Et va chercher bien loin, plutôt que de mourir,
Quelque prétexte ami de vivre et de souffrir.
Il a souffert, il souffre : aveugle d’espérance,
Il se traîne au tombeau de souffrance en souffrance,
Et la mort, de nos maux ce remède si doux,
Lui semble un nouveau mal, le plus cruel de tous.

Je vis. Je souffre encor ; battu de cent naufrages,
Tremblant, j’affronte encor la mer et les orages,
Quand je n’ai qu’à vouloir pour atteindre le port !
Lâche ! aime donc la vie, ou n’attends pas la mort.



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