Lorsque tant de choses sur terre
Proclament la Divinité
Et semblent attester d’un père
L’amour, la force et la bonté,
Comment, sous la sainte lumière,
Voit-on des actes si hideux
Qu’ils font expirer la prière
Sur les lèvres du malheureux ?
Pourquoi dans ton œuvre céleste
Tant d’éléments si peu d’accord ?
À quoi bon le crime et la peste ?
Ô Dieu juste ! pourquoi la mort ?
Ta pitié dut être profonde,
Lorsque avec ses biens et ses maux
Cet admirable et pauvre monde
Sortit en pleurant du chaos !
Puisque tu voulais le soumettre
Aux douleurs dont il est rempli,
Tu n’aurais pas dû lui permettre
De t’entrevoir dans l’infini.
Pourquoi laisser notre misère
Rêver et deviner un Dieu ?
Le doute a désolé la terre ;
Nous en voyons trop ou trop peu.
Si ta chétive créature
Est indigne de t’approcher,
Il fallait laisser la nature
T’envelopper et te cacher ;
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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.