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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Douces à voir, ô véroniques !
Vous ne durez qu’une heure ou deux,
Fugitives et sympathiques
Comme des regards amoureux.

Le papillon bleu vous courtise,
L’insecte vous perce le cœur,
D’un coup de bec l’oiseau vous brise,
Que guette à son tour l’oiseleur.
Rêveurs, amants, race distraite,
Vous effeuilleront au hasard,
Sans voir votre grâce muette,
Ni votre dernier bleu regard.

Douces à voir, ô véroniques !
Vous ne durez qu’une heure ou deux,
Fugitives et sympathiques
Comme des regards amoureux.

Ô fleur insaisissable et pure,
Saphir dont nul ne sait le prix,
Mêlez-vous à la chevelure
De celle dont je suis épris ;
Pointillez dans la mousseline
De son blanc peignoir entr’ouvert,
Et dans la porcelaine fine
Où sa lèvre boit le thé vert.

Douces à voir, ô véroniques !
Vous ne durez qu’une heure ou deux,
Fugitives et sympathiques
Comme des regards amoureux.