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PIERRE DUPONT.


Fleurs touchantes du sacrifice,
Mortes, vous savez nous guérir ;
Je vois dans votre humble calice
Le ciel entier s’épanouir.
Ô véroniques ! sous les chênes
Fleurissez pour les simples cœurs
Qui, dans les traverses humaines,
Vont cherchant les petites fleurs.

Douces à voir, ô véroniques !
Vous ne durez qu’une heure ou deux,
Fugitives et sympathiques
Comme des regards amoureux.




LA MÈRE JEANNE


Dans la vie on ne reste guères
À l’âge riant des amours,
Les ans vont comme les rivières,
Et rien n’en peut barrer le cours.
Je ne suis plus la fille fraîche
Que l’on appelait Jeanneton ;
Le soleil a rougi la pêche,
Le rosier n’est plus en bouton.

      Je suis la mère Jeanne,
Et j’aime tous mes nourrissons,
Mon cochon, mon taureau, mon âne,
Vaches, poulets, filles, garçons,
Dindons, et j’aime leurs chansons,
Comme, étant jeune paysanne,
J’aimais la voix de mes pinsons.