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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

dans un petit cadre, d’autre part plusieurs de ses derniers poèmes, comme Un fleuve à la mer, La Bataille, Beethoven et Rembrandt, témoignent que l’auteur n’est pas resté étranger aux scènes les plus grandioses et quelles ont pris une large place dans son œuvre.

André Lemoyne a publié chez A. Lemerre : Les Charmeuses, Légendes des Bois et Chansons marines, deux volumes ; — et un volume de prose : Une Idylle normande et Le Moulin des Prés.

En résumé, ou pourrait fort bien appliquer à ce maître paysagiste ce qu’il dit lui-même des peintres hollandais :

Ils avaient achevé, dans une foi profonde,
Des œuvres de lumière et de joie et d’amour,
Léguant à l’avenir un petit coin du monde
Qu’ils avaient éclairé d’un si merveilleux jour.


Désiré Lemerre.


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LE SONGE DU GRAND VENEUR


I



Je passais à travers la forêt des Ardennes
Quelques siècles après le vieux roi Pharamond,
Mais c’était bien avant les quatre fils Aymon. —
Les biches et les cerfs, et les daims et les daines

Descendaient en famille au bord des clairs étangs. —
Entre les joncs fleuris les hardes venaient boire
En laissant sur les eaux de grands cercles de moire,
Où tremblaient élargis les aunes miroitants.

Tous ces fauves charmants, à la robe lustrée,
S’abreuvaient… quand le bruit lointain d’un oliphant
Fit tressaillir le cerf, et la biche, et son faon…
Et la harde sous bois rentra tout effarée.