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ANDRÉ LEMOYNE.


Avec le même geste et la même attitude,
Nous apparaissant tels qu’ils étaient autrefois,
Avec le vêtement qu’ils portaient d’habitude…
Et nous tressaillons d’aise au timbre de leur voix.

Ils nous disent : « Je sais ce que ton cœur demande.
Nous ne t’oublions pas si nous t’avons quitté ;
Mais regarde… tu vois comme la mer est grande,
Et nous étions là-bas… loin… de l’autre côté…

« Loin.… très loin… au delà des horizons visibles,
Et sous d’autres soleils, aux pays inconnus
Où passent dans les fleurs des rivières paisibles.
Mais les êtres vivants n’y sont jamais venus.

« Bien différent du monde où s’agitent les hommes,
Là-bas nous habitons un merveilleux séjour.
Tôt ou tard, vous irez nous rejoindre où nous sommes,
Dans l’oasis de paix, de lumière et d’amour.

« Si nous venons, la nuit, dans le calme d’un rêve,
De chères visions charmer vos yeux dormants,
C’est que rien dans la mort terrestre ne s’achève :
Vos cœurs sont éclairés par vos pressentiments. »








MAÎTRES ANCIENS



I




J’admire de plein cœur les peintres de Hollande
Qui, voyant la nature avec sincérité,
Restaient chez eux, trouvant leur patrie assez grande,
Et mouraient sous un ciel qu’ils n’ont jamais quitté.