onnaissez-vous, vertes Océanides,
Vous qui nagez dans les Océans bleus,
Vous qui dormez, sous les grottes humides,
Sur des fucus moins longs que vos cheveux ;
Vous qui chantez, de vos voix indécises,
Ces chœurs lointains, paisibles et charmants
Qui, chaque soir, sur les ailes des brises
S’en vont mourir vers les grands bois dormants ;
Connaissez-vous, reines des coquillages,
Des durs coraux et des tritons squameux,
Vous dont le pied foule toutes les plages,
Les antres frais et les rochers brumeux ;
Vous qui courez de l’équateur aux pôles,
Parlant d’amour aux oiseaux voyageurs,
Et qui fendez de vos blanches épaules
Les flots couverts par les algues en fleurs ;
Vous qui, perçant l’horizon de nos rêves,
Levez au ciel vos yeux étincelants,
Vous dont le souffle amène sur les grèves
Les naufragés aux cheveux ruisselants ;
Connaissez-vous sur la mer sans limite,
Vers le pays des désirs éperdus,
Aux régions que nul homme n’habite,
Bien loin du monde et sous des cieux perdus,