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THÉODORE DE BANVILLE.


LA REINE DE SABA


 

La reine Nicosis, portant des pierreries,
A pour parure un calme et merveilleux concert
D’étoffes, où réclair d’un flot d’astres se perd
Dans les lacs de lumière et les flammes fleuries.

Son vêtement tremblant chargé d’orfèvreries
Est fait d’un tissu rare et sur la pourpre ouvert,
Où l’or éblouissant, tour à tour rouge et vert,
Sert de fond méprisable aux riches broderies.

Elle a de lourds pendants d’oreilles, copiés
Sur les feux des soleils du ciel, et sur ses pieds
Mille escarboucles font pâlir le jour livide.

Et, fière sous l’éclat vermeil de ses habits,
Sur les genoux du roi Salomon elle vide
Un vase de saphir d’où tombent des rubis.

(Les Princesses)




BALLADE DE SES REGRETS
pour l’an mil huit cent trente




Je veux chanter ma ballade à mon tour !
Ô Poésie, ô ma mère mourante,
Comme tes fils t’aimaient d’un grand amour
Dans ce Paris, en l’an mil huit cent trente !
Pour eux les docks, l’autrichien, la rente,
Les mots de bourse étaient du pur hébreu ;