D’autres courent bien loin pour trouver des merveilles ;
Laissons-les s’agiter : dans leurs fiévreuses veilles,
Ils ne sentiraient pas ta tranquille beauté.
Tu suffis à mon cœur, toi qui vis mes grands-pères,
Lorsqu’ils passaient joyeux, en leurs heures prospères,
Sur ces mêmes chemins, aux mêmes soirs d’été.
orsque dans l’herbe mûre aucun épi ne bouge,
Qu’à l’ardeur des rayons crépite le froment,
Que le coquelicot tombe languissamment
Sous le faible fardeau de sa corolle rouge,
Tous les oiseaux de l’air ont fait taire leurs chants ;
Les ramiers paresseux, au plus noir des ramures,
Somnolents, dans les bois, ont cessé leurs murmures,
Loin du soleil muet incendiant les champs.
Dans les blés, cependant, d’intrépides cigales
Jetant leurs mille bruits, fanfare de l’été,
Ont frénétiquement et sans trêve agité
Leurs ailes sur l’airain de leurs folles cymbales.
Frémissantes, debout sur les longs épis d’or,
Virtuoses qui vont s’éteindre avant l’automne,
Elles poussaient au ciel leur hymne monotone,
Qui dans l’ombre des nuits retentissait encor.