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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/233

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FRANCIS PITTIÉ.


Flagellés par les vents, labourés par l’orage,
Les torrents, tes rivaux, déchaînent avec rage
L’indocile troupeau de leurs flots furieux.

Fleuve, vivant miroir des Sages et des Justes,
Tu baignes largement de tes ondes augustes
Le rivage sacré du berceau des aïeux.

(À travers la Vie)



À VICTOR HUGO




Quand ce siècle, lassé de prodiges sans nombre,
Dans l’éternelle nuit, hélas ! aura sombré ;
Quand la mort, trop rapide ou trop lente à mon gré,
Aura couvert les fronts les plus grands de son ombre ;

Seul, dominant encor l’universel décombre,
Du filial amour des peuples entouré,
Ton souvenir, toujours vivant, toujours sacré,
De toute sa hauteur emplira le ciel sombre.

Ainsi, dans le désert sans bornes, où jadis
Thèbes rivalisait de gloire avec Memphis,
Où le temps s’est joué des airains et des marbres,

La géante Chéops se dresse sur le ciel,
Et le Simoun, terrible aux hommes comme aux arbres,
Passe, sans ébranler son granit immortel.

(À travers la Vie)