Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


En toi, par toi, Monde admirable,
Je vis, mêlant ma force à ton activité,
Suivant ta course infatigable
Sans peur, comme l’enfant par sa mère emporté.

Marchons ! Quelqu’un doit nous attendre,
Je ne sais où. Marchons par l’espace et le temps,
Hélas ! sans jamais rien comprendre
Au sublime labeur qui nous tient haletants !







LE PLONGEUR




Comme un marin hardi que la cloche aux flancs lourds
Sous l’amas des grands flots refoulés avec peine
Dépose, en frémissant, dans la terreur sereine
Des vieux gouffres muets, immobiles et sourds,

Quand le poète pâle, en descendant toujours,
Tout à coup a heurté le fond de l’âme humaine,
L’abîme étonné montre à sa vue incertaine
D’étranges habitants dans d’étranges séjours :

Sous les enlacements des goëmons livides
Blanchissent de vieux mâts et des squelettes vides :
Des reptiles glacés circulent alentour ;

Mais lui, poussant du pied l’ignoble pourriture,
Sans se tromper poursuit sa sublime aventure,
Prend la perle qui brille, et la rapporte au jour !