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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/330

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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


« Ces lueurs que l’esprit acclame,
Comme un feu vivant et vainqueur,
Hélas ! ce sont des clous de flamme
Qui nous traversent en plein cœur.

« Un dieu, sous leurs étreintes sûres,
Fixa notre vol indompté,
Et nos lumineuses blessures
Sont la splendeur des nuits d’été.

« Au bout du rayon qui nous troue,
Le temps nous roule obstinément,
Filles d’Ixion, sur la roue
Inflexible du firmament.

« Nous sommes les vierges plaintives.
Dont l’orgueil sublime est puni :
Car c’est être deux fois captives
Que de l’être dans l’Infini. »

— Maudissez les destins infâmes
Durant les soirs silencieux !
Vous êtes les sœurs de nos âmes,
Étoiles qui pleurez aux cieux.

Comme vous, flammes immortelles,
Leur honneur est fait de clarté :
Cependant, comme vous, sont-elles
En prison dans l’immensité !

En vain, devant elles, le Rêve
Ouvre l’azur des cieux béants.
Une invisible main, sans trêve,
Les cloue aux terrestres néants.