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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/351

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ALBERT GLATIGNY.


Les phtisiques amants de nos lâches poupées
Reculeraient devant ce corps rude et puissant
Dont les mains, aux travaux de la terre occupées,
Montrent, au lieu des lis, l’âpre rougeur du sang.

Au détour d’un sentier alors qu’elle débouche
Ainsi qu’une génisse errant en liberté,
On croit voir la Cérès indomptable et farouche
Du gras pays normand si riche de santé.

Regardez-la marcher parmi les hautes herbes
La fille aux mouvements sauvages et nerveux,
Pendant que sur son front les grands épis des gerbes
Poussiéreux et serrés hérissent ses cheveux !

C’est auprès de Bayeux que je l’ai rencontrée,
Dans un chemin couvert bordé par les pommiers,
Où, la blaude flottante et la jambe guêtrée,
Le nez à l’air rougi, passaient deux gros fermiers.

(Les Flèches d’Or)



MARITORNE



C’est la servante de l’auberge
Qui braille là, tout à côté :
Le soir, un peuple s’y goberge
De fins matois mis en gaîté.

Aux gars qui lui pincent la taille
En descendant les escaliers,
Elle peut bien livrer bataille :
Hier, elle a gifflé deux rouliers.