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ALFRED BUSQUET.

hardi ; à de certains moments on dirait un parnassien. Est-ce éclectisme ? Non. Il n’a pas tenté de fondre en une seule nuance les couleurs des différents drapeaux ; il a été toujours lui-même en étant tour à tour celui-ci et celui-là : il a suivi la fantaisie et obéi à l’inspiration du moment. Ce qui donne cependant une certaine unité à ces pages si diverses de ton et d’allure, c’est qu’on y sent toujours comme une senteur d’antiquité, alors même qu’elles sont à la mode du jour. Alfred Busquet était un adorateur fervent des littératures anciennes, et il s’en était si fortement imprégné qu’il en portait avec lui le parfum, sans y songer. C’est ainsi qu’il était chrétien et païen tout ensemble, mêlant aux Apôtres Sémélé, Procris, les Naïades et les Dryades. Ses vers font à la fois envier l’homme et apprécier le poète. »

Les œuvres d’Alfred Busquet ont été éditées par Hachette et A. Lemerre.




LISBONNE




La mer ! L’immensité des flots bleus, puis le Tage,
Le fort Juliano, fatal aux prisonniers,
Et Bélem d’où Vasco le grand quitta la plage
Pour frayer des chemins nouveaux aux nautoniers,

L’Ajuda, qui des ans subit déjà l’outrage,
Des moulins tout pareils à de vieux pigeonniers,
Des palais, des maisons qui, d’étage en étage,
Se hissent dans les airs par de grands escaliers,

Des ruines et des fleurs, des tombes et des roses,
Et des vaisseaux ancrés au pied des arsenaux,
Frissonnants, inquiets, pareils à des oiseaux,