Oui, c’est la chose, et c’est mon tour.
Ô temps où bouillonnaient les sèves,
Où mes seuls dieux, l’Art et l’Amour,
Traversaient l’orgueil de mes rêves !
D’avoir suivi leur vol vainqueur,
Je n’ai rapporté, pour ma peine,
Qu’un tout petit brin de verveine
Avec un grand trou noir au cœur ;
Et seul, au coin de la fenêtre
Où j’accoude mes longs ennuis,
Sachant ce que je pourrais être,
Je pleure sur ce que je suis.
uand les récoltes sont rentrées
Et que l’hiver est revenu,
Des arbres, en files serrées,
Se déroulent sur le sol nu ;
Ils n’ont pas le port droit des ormes,
Ni des chênes les hauts cimiers ;
Ils sont trapus, noirs et difformes :
Pourtant qu’ils sont beaux mes pommiers !
Leurs rangs épais couvrent la plaine
Et la vallée et les plateaux ;
En droite ligne et d’une haleine
Ils escaladent les coteaux ;