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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/69

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ÉDOUARD GRENIER.

Où d’un être adoré le cœur se révéla.
Que ce bonheur ait lui l’éclair d’une seconde,
Ou qu’il ait rayonné sur un long avenir,
L’âme en garde à jamais l’immortel souvenir.


VII


Mais même sans l’amour tes rives sont si belles,
Ô Bosphore ! et la main complaisante des dieux
Les revêt d’une grâce et d’une splendeur telles
Que l’étranger lui-même, à l’heure des adieux,
Sans en être attendri ne peut s’éloigner d’elles ;
Et devant ce ciel pur, ces flots et ces cyprès,
Dit : « Pourquoi donc partir ? le bonheur est tout près. »


VIII


Et moi, je fus aussi dans ta verte Arcadie !
J’ai contemplé tes cieux, j’ai contemplé tes mers ;
J’ai reçu leur beauté dans mon âme agrandie ;
J’ai versé dans tes flots mes pleurs les plus amers.
Mais lorsque sous le coup ma raison étourdie
Chancelait… alors Dieu, dans sa tendre pitié,
Ouvrit derrière moi les bras de l’amitié.


IX


Elkovans ! elkovans ! que de fois, quand la brise
Ranimait à mes pieds le feu du narghilé,
N’ai-je pas écouté votre plainte indécise !…