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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/87

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AUGUSTE LACAUSSADE.


Comme elle, enivre-toi de tes propres concerts ;
Oublie, et pour un jour fais trêve à ta souffrance.
Dût ta voix et ton vol heurter des cieux déserts,
Jette vers l’avenir un long cri d’espérance !




LA DOULEUR



Dieu lui-même a respect de la souffrance humaine ;
Réelle est la douleur si la cause en est vaine.
                 Qu’importe par qui nous souffrons !
La fleur du bien grandit sur les âpres collines.
L’homme qui sait porter sa couronne d’épines
                 Devient un dieu sous les affronts.

Ne maudis point, ami, ta suprême torture ;
Respecte ta douleur : la douleur nous épure.
                Laissons le blasphème à l’orgueil.
Le fleuve de la vie aux ondes limoneuses,
Pour rejaillir au ciel en gerbes lumineuses,
                Doit se briser contre un écueil.