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PAUL DELAIR.

Entre cette amertume et cette indifférence,
Gloire à ceux qui, s’étant levés sans espérance,
Témoignent de leur cause, et, soldats du devoir,
Ramènent sur leur sein les traits du destin noir !
Qui, sur l’autel brisé, libations dernières,
Vident leur cœur et font les suprêmes prières,
Et, jusqu’au bout rendant au pays ce qu’on doit,
Meurent enveloppés dans le linceul du Droit !


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HYMNE AU SOLEIL




Soleil ! père des créatures !
Voici le moment solennel.
Derrière les portes obscures
Hennit le quadrige éternel.

Du lit royal, rouges Aurores,
Épouses, l’époux veut sortir !
Enlevez les verrous sonores !
L’immense éther va retentir.

Gloire ! Sur le perron terrible
Le char surgit. Dans les cieux clairs
Jaillit de la roue invincible
Comme un feu de paille d’éclairs.

Devant lui, sur les molles nues,
Comme des femmes sur des fleurs,
Les Aurores se roulent nues ;
Il les absorbe en ses splendeurs.