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PAUL DELAIR.



MATINS D’HIVER




Que j’aime les matins d’hiver, et leurs soleils
Qui trempent dans la brume au vent froid balancée !
Avec leur gloire en pleurs et leur douceur blessée,
Au destin des héros je les trouve pareils.

J’aime mieux ces ciels blancs que les étés vermeils,
Car s’ils ont moins de flamme, ils ont plus de pensée ;
Et leur clairon plaintif pour mon âme oppressée
Sonne dans l’infini de tragiques réveils.

Alors des temps défunts j’entends les litanies ;
Et je vois se lever la foule des génies
Avec leur plaie au cœur, où paraît leur vertu.

De leur grand souffle amer ma poitrine est baignée,
Et je suis, le front haut, leur troupe résignée
Qui consent à mourir, ayant bien combattu.