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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

leurs (1870), Fais ce que dois (1871), L’Abandonnée (1871) ; ces délicieuses idylles : Le Luthier de Crémone (1876) et Le Trésor (1879) ; ces puissants drames : Madame de Maintenon (1881), Severo Torelli (1883), Les Jacobines (1885).

L’œuvre lyrique de M. François Coppée n’est ni moins variée ni moins considérable. On en peut grouper ainsi les divers éléments : poèmes de la vie moderne, poèmes intimes, poèmes historiques ou légendaires. Ces derniers, contenus pour la plupart dans le recueil intitulé Les Récits et les Élégies (1878), comptent parmi les productions les plus achevées, sinon les plus originales du poète. Si l’avenir devait ajouter à la Légende des Siècles quelques feuillets intercalaires, pour compléter le cycle de nos « petites épopées », n’y transcrirait-on pas, avec les plus belles pages épiques de Leconte de Lisle et de Théodore de Banville, les poèmes qui s’appellent : La Bénédiction, L’Hirondelle du Bouddha, Le Liseron, La Tête de la Sultane ?

Les poésies intimes de M. François Coppée forment trois courts recueils, publiés à de longs intervalles : Les Intimités (1868), L’Exilée (1876), Arrière-Saison (1887). — Trois amours : le premier plus sensuel, le second plus pur, le dernier plus tendre. — Qu’on y joigne Olivier (1875), cette demi-confession romanesque ; qu’on relise dans Le Cahier rouge (1874.) et dans les Poésies diverses (1887), les admirables élégies : Désir dans le spleen, L’Anneau, Vieux brouillon de lettre, et l’on reconstituera sans peine toute l’histoire intérieure d’une vie d’ affection, histoire où quelques-uns estiment que le poète a mis le plus haut de son art comme le plus profond de son âme.

Bien qu’on puisse préférer telle ou telle autre partie de son œuvre, c’est, sans contredit, dans les poèmes de la vie contemporaine, dans les tableaux réalistes et domestiques qu’éclate le mieux l’originalité de M. François Coppée. Il est, par-dessus tout, l’auteur des Poèmes modernes et de La Grève des Forgerons (1869), des Humbles (1872 ) et des Contes en vers (1881). Il a presque inauguré le genre où Sainte-Beuve et Brizeux s’étaient timidement essayés. Il a presque créé la langue, — ce vers « moderniste » d’autant plus poétique qu’il se confond davantage avec la prose par la familiarité du vocabulaire et la simplicité