Or, quoi qu’en puisse dire et penser l’ignorance,
L’Artiste est aussi, lui, le soldat de la France,
Il sert son peuple aussi, ce serviteur du beau ;
La gloire qu’il acquiert, chacun se l’approprie ;
Nul n’accroît plus que lui l’honneur de la Patrie ;
Nul mieux que lui ne sait porter notre drapeau.
A l’heure même, à l’heure inoubliable encore
Où le vainqueur jaloux d’un vaincu qu’il abhorre
Voulait nous arracher notre place au soleil ;
À l’heure où les Français restaient sombres et tristes,
De qui leur sont venus, sinon de leurs artistes,
Leur première revanche et leur premier réveil.
Peintres, musiciens, sculpteurs, acteurs, poètes,
Une même pensée embrasa mille têtes :
Consolons la Patrie, honorons les aïeux ;
Qu’Athène encore en deuil éblouisse encor Sparte,
Et que ce cher pays, dont l’Europe s’écarte,
De l’Europe attirée enchante encor les yeux.