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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

VI


Et tandis que distraite ainsi dans sa souffrance,
La France se hâtait de réparer la France,
Ces grands consolateurs lui rendaient sa fierté,
Et les peuples voyaient un peuple encore en larmes,
S’acharnant au travail et veillant sous les armes,
Ceindre d’un laurier vert son front ensanglanté.


VII


Ô vaillance ! Ô ressource héroïque et sublime,
Merveilleuse vigueur du sang qui nous anime !
Jamais pays vaincu n’entreprit rien de tel.
Mais que de champions sont morts à cette tâche,
Car ce fiévreux assaut où rame est sans relâche,
Pour n’être pas sanglant n’en est pas moins mortel !


VIII


Puis, lorsque la mort vient glacer ces fronts superbes,
Moissonneurs imprudents qui n’ont pas fait leurs gerbes,
Le peu de blé qu’ils ont se disperse à tous vents ;
Et, comme en ces combats pour la gloire commune
Ils ont, donnant leur vie, oublié leur fortune,
C’est souvent d’un nom seul qu’héritent leurs enfants.